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La Lokasenna

La Lokasenna (La dispute de Loki) est trouvé dans le Codex Regius après le Hymiskvitha. Ce poème est un des plus vigoureux du Codex et aussi l’un des plus riches en référence mythologique. Les disputes ont toujours été les histoires préférées des Nordiques et celle-ci est particulièrement relevée !

(On peut d’ailleurs y voir là l’influence du Thing où les débats étaient relevés.)

 

La difficulté du texte réside toutefois dans de longs passages en prose et des annotations ou références nombreuses dues aux différentes versions rapportées.

 

Le poème a été rattaché à l’Hymiskvitha mais aussi à quelques autres quant à son rythme. La conclusion d’ailleurs n’est pas clairement attestée comme étant d’origine. A l’évidence l’auteur, d’une grande connaissance sur les mythes anciens, a délibérément réuni les différentes parties pour en faire un tout cohérent sans en perdre le sens.

 

Le poème est bien antérieur au Hymiskvitha auquel il est relié et son auteur l’a compilé sous cette présente forme dans le cours du XIIe siècle.

Toutefois le texte a été remarquablement préservé dans sa version originelle que l’on fait remonter au cours du Xe siècle…

 

 

La Saga

 

Aegir, qu’on appelait également Gymir, avait préparé de la bière pour tous les dieux depuis qu’il pouvait la brasser dans le puissant chaudron d’Hymir.

 

Vint à son festin Odin et sa femme Frigg. Thor n’était pas là car il était retourné à l’aventure plus à l’Est. Sif, sa femme, était présente ainsi que Bragi avec Idunn, son épouse. Tyr, n’ayant plus qu’une seule main depuis qu’il l’avait sacrifié dans la gueule de Fenrir pour l’enchaîner, était également là. De plus étaient réunis Njord et sa femme Skadi, Frey et Freyja, mais aussi Vithar, le fils d’Odin accompagné des gens de Frey, Byggvir et Beyla.

 

Beaucoup des Dieux et des Elfes étaient donc présents.

 

Aegir avait deux hommes pour le service, Fimafeng et Eldir. Ils avaient dressé de merveilleuses coupes d’or éclatant qui reflétaient la lumière du feu ; La bière s’y maria d’elle-même dans une belle harmonie apportant une grande sérénité à tous. Les invités louèrent à l’unisson le grand talent dans l’art de la table des deux hommes ;

Loki ne pu endurer pourtant cette joie plus longtemps et il assassina brutalement Fimafeng !

Rugissant de colère, les dieux brandirent leurs boucliers et lances contre Loki le conduisant sous la menace loin au-dehors jusqu’à une forêt reculée. Une fois fait, ils rebroussèrent chemin pour de nouveau partager leurs coupes plus sereinement.

 

Mais Loki n’en resta pas là, retournant lui aussi à la Halle. Toutefois il rencontra au-dehors l’autre homme au service d’Aegir, Eldir.

Il lui adressa alors la parole :

 

1

Parle maintenant, Eldir, sinon pas un pas de plus

Tu ne feras de nouveau !

Quelles paroles échangées avec les coupes de bière

Se disent les fils des glorieux Dieux ?

 

2 (Eldir effrayé)

De leurs armes et de leurs puissants faits de guerre ils parlent,

Les fils des glorieux Dieux ;

Mais des Dieux et des Elfes réunis ici

Aucun ami vous ne trouverez soutenant de belles paroles à votre encontre.

 

3 (Loki haineux)

J’entrerai bien dans la Halle d’Aegir

Pour volontiers les voir festoyer ainsi ;

Maux et haines j’apporterai aux Dieux,

Avec du venin je brasserai alors leur hydromel !

 

4 (Eldir inquiet)

Si vous entrez dans la Halle d’Aegir

Bien volontiers pour les voir festoyer,

Avec la calomnie et les insultes à l’encontre des Dieux,

Pensez bien qu’il soit à craindre qu’ils vous anéantissent !

 

5 (Loki le rictus moqueur)

Pensez bien que là soit la raison, Eldir, que vous et moi

Tâchions de discuter sur la manière de dire ma rancune ;

Riches de bons mots je serais prêt ainsi

M’ayant déjà trop fait part de vos confidences !

 

Alors Loki entra dans la Halle muant dans un lourd silence l’assemblée des Dieux…

 

6 (Loki brise le silence)*

Assoiffé je suis venu jusqu’à cette Halle,

Moi, Lopt, d’un long périple,

Pour demander des Dieux qui de l’un d’eux pourrait m’offrir

Une coupe d’Hydromel comme noble don !

 

7

Pourquoi donc restez vous assis silencieusement, ainsi fier et droit,

Vous les Dieux, sans me répondre ?

A ce festin préparez-moi une place avec un siège

Ou faites-moi part du coût pour me le permettre !

 

8 (Bragi lui répond)

Une place et un siège les Dieux ne prépareront point

Pour vous à leur milieu ;

Les Dieux savent très bien quels hommes ils souhaitent

Trouver à leur fastueux festin !

 

9 (Loki se tourne vers Odin)*

Souviens-toi Odin, dans les vieux jours,

Quand nos sangs nous avons mêlé tous les deux ;

Tu avais promis qu’aucune bière ne serait versée

Hormis si elle l’était pour nous deux.

 

10 (Odin assagit)*

Soit, fais donc de la place Vidar et laisse le père du Loup

Trouver un siège à notre festin,

De peur que Loki ne blasphème à voix haute ses malédictions,

Ici, dans la Halle d’Aegir !

 

Alors Vidar s’exécuta et versa à boire à Loki qui, avant de vider sa coupe, s’adressa aux Dieux :

 

11

A vous les Dieux ! A vous les Déesses !

A vous les nobles puissances !

A vous les Divinités, vous tous assis ici,

Hormis Bragi sur son banc !

 

12 (Bragi avec pitié)

Un cheval et une épée de ma Fortune je vous donnerai,

Ainsi même qu'un anneau, moi Bragi, je suis prêt à faire don

Pour que vous refreiniez votre haine parmi les Dieux ;

Si au moins cela peut apaiser la colère des Puissants à votre encontre !

 

13 (Loki provocateur)*

De chevaux ou d'anneaux vous ne serez jamais assez riches,

Bragi, et vous manquerez toujours des deux ;

De tous les Dieux et des Elfes ici réunis ensemble

Vous en êtes le moins brave à la bataille !

(Et le plus peureux quand les flèches sont projetées)

 

14 (Bragi outragé)

Si j'étais alors dehors comme je me trouve ici,

Dans la Halle d'Aegir,

Mes mains j'aurais portés autour de votre cou

Vous faisant payer le prix de vos mensonges !

 

15 (Loki querelleur)*

Dans votre siège vous êtes brave mais point autant en actes,

Vous Bragi l'ornement des bancs !

Sortez dehors et battez-vous si de la colère vous ressentez

Car aucun héros n'en aurez besoin davantage !

 

16 (Idunn retient son époux)*

Pensez avec sagesse Bragi, sa parenté lui pèse

Depuis qu'il a été choisi pour être adopté ;

Ne parlez plus avec de telles paroles de dégoûts,

Ici, dans la Halle d'Aegir.

 

17 (Loki cruel)*

Gardez le silence, Idunn ! De toutes, je le dis,

Vous êtes la femme la plus lascive en amour

Depuis que vos délicats bras laiteux se sont enroulés

Autour du tueur de votre frère !

 

18 (Idunn s'en remet à la sagesse)

A Loki je ne parlerais point avec des paroles de dégoûts,

Ici, dans la Halle d'Aegir ;

Et à Bragi je demande le calme, la bière enivrant la colère,

Car je ne souhaite pas les voir férocement combattre.

 

19 (Gefjun à son tour)*

Pourquoi les deux Dieux aux langues amères

Alimentent la haine ainsi parmi nous ?

Loki est célèbre pour ses moqueries fétides

Et les habitants des cieux il hait !

 

20 (Loki toujours insultant)*

Gardez le silence Gefjun ! Car je puis dire maintenant

Qui vous a laissé vous pervertir à une vie mauvaise !

Un garçon si noble vous ayant offert un collier éclatant

Que vous lui avez fait don de vos jambes écartées !

 

21 (Odin met en garde)

La folie est votre Loki et votre esprit étroit

Pour susciter ainsi la colère de Gefjun ;

La destinée de chacun elle peut voir

Même la mienne, je pense.

 

22 (Loki pas impressionné)

Gardez le silence Odin ! Vous ne décidez pas toujours avec justesse

Le destin des hommes dans le combat ;

Vous avez souvent donné, et ainsi donner votre bénédiction vous n'aurez pas du,

A ceux ne méritant pas la gloire de la bataille !

 

23 (Odin perplexe)*

Vous pensez ainsi que j'ai donné bénédiction à tort

A ceux ne méritant point la gloire de la bataille !

Mais vous ! Huit hivers vous avez passé sous terre

Trayant les vaches comme une Vierge !

(Et vous y avez engendré d'étranges progénitures ;

Peu virile semble t-il était ainsi votre âme !)

 

24 (Loki renvoie la pareille)*

On dit qu'avec des sortilèges, alors dans le pays de Samsey,

Vous avez fait œuvre d'enchantements comme le font les sorcières ;

Et déguisé en une telle sorcière vous êtes allé parmi les Hommes ;

Peu virile semble t-il était ainsi votre âme !

 

25 (Frigg contrarié)

Des actes anciens alors provoqués par vous deux,

Vous ne devriez pas citer parmi les Hommes ;

Quoi que vous ayez fait dans les temps passés

Aucune vieille légende ne devrait le révéler.

 

26 (Loki devient malsain)*

Gardez le silence Frigg ! Vous êtes la femme de Fjorgyn

Mais toujours à convoiter l'amour ;

Ainsi Vili et Ve, vous la femme de Vithrir,

Se sont tous les deux étendues sur vos seins !

 

27 (Frigg menaçante)

Si un fils comme Baldr serait encore avec moi maintenant,

Ici, dans la Halle d'Aegir,

De tous les fils des Dieux lui ne vous aurait pas permis d'aller plus avant

Et vous aurez forcé alors jusqu'à le combattre !

 

28 (Loki démoniaque)

Alors vous dépérirez, Frigg, de m'entendre raconter en outre

Des malheurs dont désormais je porte à votre connaissance ;

De mon propre blâme et fait Baldr n'est plus

Et vous ne le reverrez jamais chevaucher à demeure jusqu'à cette Halle !

 

29 (Freyja hors d'elle)

Fou vous êtes Loki d'ainsi dévoiler ce que vous dissimuliez

Comme malignités et de hontes haineusement engendrées !

Car si Frigg connaît bien le Destin de tous,

Jamais elle ne se révèle ses propres pensées !

 

30 (Loki presque rieur)

Gardez le silence Freyja ! De vous je connais entièrement la vie

Et de pêchés elle en est elle-même bien pourvue !

Des Dieux et des Elfes qui sont réunis ici

Chacun a eu son tour d'amour lascif !

 

31 (Freyja déshonorée)

Une psalmodie de mensonges est votre langue et bientôt vous trouverez

Qu'elle entonne une bien maléfique sérénade ;

Les Dieux sont excédés et les Déesses tout autant,

Et alors dans la douleur et les ennuis vous repartirez d'ici !

 

32 (Loki toujours amusé)*

Taisez-vous donc Freyja ! Vous la plus fétide des sorcières,

Tramant toujours de vils péchés ;

Dans les bras de votre propre frère, le Dieu lumineux, vous avez attrapé

Quand alors vous lui avez soufflé le charme du vent de votre désir !

 

33 (Njord entre dans la dispute)

Cela n'est qu'un moindre mal alors qu'une femme puisse séduire

Un seigneur ou un amoureux ou les deux ;

Mais il est plus miraculeux encore qu'un Dieu efféminé

Vienne jusqu'ici en ayant engendré sa propre progéniture !

 

34 (Loki ne rie plus)*

Gardez le silence Njord ! Je sais que vous avez été envoyé de l'Est

Comme un otage donné en gage aux Dieux ;

Les filles d'Hymir se servant de votre bouche

Pour s'y pervertir avec leur intimité !

 

35 (Njord ne semble pas écouter)*

Plus grand encore à été mon gain d'être ainsi depuis longtemps partis,

Alors donné en gage aux Dieux comme otage :

Le fils que j'ai eu et auquel nul homme n'éprouve de haine,

Qui dés lors est le plus aimé des Dieux.

 

36 (Loki haussant les épaules)*

Vous attirez trop l'attention Njord et vous vantez bien imprudemment

Et je ne puis plus longtemps garder le secret sur tout cela ;

Avec votre propre sœur vous avez enfanté ce si noble fils,

Ce qui de fait n'engendre plus que le pire des espoirs à son endroit !

 

37 (Tyr s’insurge)

Des braves héros, Frey est le plus grand,

Ici, dans la Halle des Dieux ;

Il n’a jamais nui aux Vierges ni non plus aux épouses des Hommes

Et des entraves de leurs interdits ils les libèrent au contraire.

 

38 (Loki toujours mauvaise langue)

Gardez le silence Tyr ! Les bonnes relations d’entre les hommes

Vous n’avez jamais pu établir ;

Volontiers je puis narrer comment Fenrir, alors lésé,

A réclamé en due votre poignet droit !

 

39 (Tyr fier et digne)*

Ma main j’ai sacrifié mais Hrothvitnir lui sa liberté

Et les pertes de chacun ont apporté le regret aux deux !

Les menaces du loup s’en sont allées là où il attendra à jamais,

Entravé de chaînes, la chute des Dieux.

 

40 (Loki encore plus acerbe)*

Taisez-vous donc Tyr ! Pour enfanter un fils

Votre femme a tenté sa chance avec moi !

Par nul or, je pense, vous ne réparerez ce mal,

Ni même par votre main droite, pauvre misérable !

 

41 (Frey prophétique)*

Dans la bouche d’une rivière le Loup restera

Jusqu’à la destruction des Dieux ;

Vous aussi subirez bientôt ce sort si votre langue n’est plus tenue :

Vous serez enchaîné, vous le faiseur de mensonges !

 

42 (Loki indifférent)*

Avec de l’or vous avez corrompu et acheté la fille de Gymir,

Vendant de plus votre propre épée à cette fin ;

Mais quand les fils de Muspell chevaucheront depuis Myrkwood

Vous les attendrez désarmé, pauvre misérable !

 

43 (Byggvir en brave loyal)*

Si j’avais eu la naissance du si légendaire Ingunar-Frey

Et siégé dans un tel trône élevé,

J’écraserais les os jusqu’à la moelle à ce prophète de malheur

Réduisant tout son corps en moindres morceaux !

 

44 (Loki drapé dans sa suffisance)*

Quelle infime créature vient donc ramper par ici,

Reniflant et gémissant ainsi ?

Aux seules oreilles de Frey doit trouver un écho

Ces murmures inaudibles d’esclave !

 

45 (Byggvir indigné)

Byggvir je me nomme, et j’ai l’honneur

Que les Dieux et les Hommes m’accordent ;

Et ici je suis fier que les enfants d’Hropt

Partagent tous avec moi leur bière.

 

46 (Loki se gaussant)*

Gardez le silence Byggvir ! Vous n’avez jamais affronté

La chair des Hommes dans le sang ;

Caché dans la paille couvrant le plancher tous vous ont trouvé

Alors que les Héros étaient eux heureux d’aller combattre !

 

47 (Heimdall dans son rôle de gardien des Dieux)

Vous avez trop bu Loki et la folie s’est emparée de vos dires :

Pourquoi, Loki, ne pas laisser derrière tout ceci ?

La boisson quand elle est bue sans mesure mène à cela les Hommes

Et alors aucune de leurs pensées n’est à prendre aux mots.

 

48 (Loki plus neutre)

Gardez le silence Heimdall ! Depuis bien des jours anciens

Une mauvaise destinée vous a été décrétée ;

Avec le dos raide et douloureux vous devrez à jamais vous tenir

Comme gardien pour veiller sur les cieux.

 

49 (Skadi l’air mauvais à son tour)*

Agité vous êtes Loki mais plus très longtemps vous ne le serez

Une fois votre liberté amoindrie en partie ;

Sur des roches les Dieux vous lieront avec les entrailles

De votre propre progéniture, fils de la Glace.

 

50 (Loki venimeux)

Soit, sur des roches les Dieux me lieront avec les entrailles

De ma propre progéniture, fils de la Glace ;

Mais souvenez-vous que je fus le premier et aussi le dernier au combat mortel

Là où Thjazi nous défia !

 

51 (Skadi les yeux froids)

Bien, vous étiez certes le premier et aussi le dernier au combat mortel

Là où Thjazi vous défia :

Et bien pour tous ces faits viendra de mes demeures et terres glacées

Les jugements du Thing pour ceux-ci !

 

52 (Loki toujours plus indécent)*

Plus doux vous parliez avec le fils de Laufey

Quand vous m’avez invité à partager votre couche !

De telles choses doivent être portées à connaissance si désormais nous deux

Cherchons à dévoiler les pêchés de l’autre.

 

Sif soudain vint alors et versa de l’hydromel dans une coupe de cristal à l’adresse de Loki, puis lui dit malignement :

 

53

Salut à vous Loki ! Prenez ici

La coupe de cristal de ce vieil hydromel ;

Pour moi au moins, vous admettrez

Que je sois la seule parmi tous les Dieux à être irréprochable.

 

54 (Loki après voir bu la coupe)*

Certes vous êtes la seule si pure

Que tous les hommes n’osent aborder, alors trop timides ;

Mais il y en a un malgré tout je pense, et pas le moindre,

Qui a eu les faveurs de vos bras bien qu’il ne soit point Hlorrithi !

(Loki, l’astucieux dans les mensonges)

 

55 (Beyla se précipitant vers sa Dame)

Les montagnes tremblent au loin et je suis certaine qu’elles annoncent

Le retour à demeure d’Hlorrithi ;

Il fera taire le malfaisant qui calomnie tout ici,

Dieux et Hommes ensembles !

 

56 (Loki, surpris, s’emporte)

Gardez le silence Beyla ! Vous êtes bien l’épouse de Bygglvir,

Aussi profondément pervertie que lui dans le pêché !

C’est une grande honte pour vous tous que ce Dieu vienne ici,

Accompagnant son immondice à toutes vos obscénités !

 

Mais Thor était déjà de retour répondant avec rage aux insultes de Loki qu’ils venaient d’entendre :

 

57*

Cessez vos dires de lâche Loki ou le Marteau enchanté,

Mjollnir, fermera lui votre bouche ;

Sinon, de votre cou, je fendrais la colline de cheveux jusqu'aux épaules,

Et ainsi se répandra votre vie perdue !

 

58 (Loki prudemment)*

Ainsi bas, est donc venue le fils de la Terre :

Pourquoi faire preuve de tant de menaces si lourdes, Thor ?

Vous devriez réserver votre rage pour combattre avec le Loup

Quand il aura englouti Sigfather !

 

59 (Thor point apaisé)

Cessez vos dires de lâche Loki ou le Marteau enchanté,

Mjollnir, fermera lui votre bouche ;

Et il vous projettera si haut et loin à l'Est

Que plus aucun homme ne vous reverra alors plus jamais.

 

60 (Loki sarcastique)*

Justement, si j'étais vous, de votre lointain périple sur les chemins de l'Est,

Aux hommes je n'en raconterais pas un mot ;

Dans le pouce d'un gant gigantesque vous vous êtes caché, vous le Puissant,

Oubliant même que vous étiez le Dieu Thor !

 

61 (Thor encore plus colérique)*

Cessez vos dires de lâche Loki ou le Marteau enchanté,

Mjollnir, fermera lui votre bouche ;

Et ma main vous frappera avec le tueur d'Hrungnir

Jusqu'à ce que tous vos os soient brisés !

 

62 (Loki se défile quelque peu)*

Pendant longtemps je pense encore vivre

Même me menaçant ainsi des coups de votre Marteau ;

Rugueuses semblaient, souvenez-vous, les lanières de la besace de Skrymir

Quand vous n'arriviez pas à obtenir, vous le Puissant, quelques victuailles !

(Et presque évanoui étiez-vous alors affaibli par la faim)

 

63 (Rien ne peut plus calmer Thor)

Cessez vos dires de lâche Loki ou le Marteau enchanté,

Mjollnir, fermera lui votre bouche ;

Le tueur d'Hrungnir vous enverra à Helheim

Par delà le seuil des morts !

 

64 (Loki reculant pas à pas)

J'ai ici dit aux Dieux et aux fils des Dieux

Les choses qui me traversaient l'esprit ;

Mais désormais je vais partir loin et seul,

Sans vous combattre plus avant…

 

65 (Loki tout en battant retraite lance une dernière malédiction)*

… De bière vous avez assez brassé, Aegir, mais désormais

De tels festins vous ne dresserez plus jamais ;

Tout ce qui fait ici votre Fortune et qui vous accompagnent dans cette Halle

Finira par brûler dans les Flammes Incandescentes !

(Et déjà elles semblent brûler dans votre dos…)

 

Loki s'enfuie alors de la Halle d'Aegir... mais pas bien loin ni longtemps !

 

Quelques jours après cette mémorable dispute, Loki avait trouvé une cache dans les Chutes de Franang, transformé en saumon. Mais les Dieux déjouèrent son maléfice.

Il fut, comme prophétisé, lié par les propres intestins de son fils Vali alors que son second fils, Narfi fut changé en loup !

Skadi attrapa alors un serpent venimeux et l'attacha juste au-dessus du visage de Loki, le poison dégouttant sur sa peau… Ainsi décrétée fut la punition des Dieux !

 

Plus tard, Sygin, la femme de Loki, vint s'asseoir prés de lui tenant un coquillage sous le poison s'écoulant. Toutefois quand la coquille était pleine, elle devait la vider plus loin laissant le poison de nouveau goutter sur le visage de Loki. A ces instants il luttait si durement contre la douleur que la Terre elle-même en tremblait !

On dit alors que de là provient ce que l'on nomme désormais les tremblements de terre…

 

 

Annexes*

 

Texte d'introduction :

Aegir : Le Dieu de la Mer que Snorri nomme également Hler –

Bragi : Le Dieu de la Poésie Scaldique –

Vidar : Le Dieu silencieux –

Byygvir et Beyla ne sont mentionnés que dans ce texte –

Fimafeng (le Traiteur-Rapide ?) et Eldir (L'homme du Feu ? (L'âtre?)) –

On fait beaucoup réfèrent à la Halle dorée d'Aegir, ses parois de gemmes et d'or reflétant les vagues d'éclats brillants vus par les marins… Ce dont les Scaldes se servaient comme Kenning pour désigner l'or avec des termes comme “les flammes de l'inondation“, etc…

 

6* : Lopt (ou Lothur) est un autre nom de Loki.

 

9* : Il n'y a pas de traces de cet épisode où les deux Dieux se seraient mêlés les sangs, mais c'est tout à fait possible car cette coutume était alors répandue…

 

10* : Le père du loup : Loki.

 

13* : La ligne 5 n'est pas toujours attestée.

 

15* : "l'ornement des bancs" moque ainsi Bragi en l'efféminant et remplace l'expression plus commune de "l'honneur des bancs" qui était la place réservée à la plus noble des femmes à marier…

 

16* : Loki même s'il est né des parents Laufey et Farbauti a été adopté par Odin qui n'aura de cesse de le regretter !

 

17* : On ne sait rien du frère d'Idunn…

 

19* : Gefjun n'est apparemment pas citée dans d'autres textes que celui-ci. On sait d'elle que les vierges mortes deviennent ses dames de compagnie.

 

20* : Gefjun est souvent confondu parfois avec Frigg, parfois avec Freyja…

 

23* : Cet épisode n'est pas connu sur les huit années que Loki auraient passé sous terre… mais peut-être ce lieu démoniaque lui a permis d'engendrer les trois monstres…

 

24* : Samsey pourrait être l'île Danoise de Samsö.

 

26* : Fjorgyn est ici Odin mais pourtant Fjorgyn est communément présenté comme le Père de Frigg ! A prendre donc avec précautions…

Dans la Saga d'Yng on trouver relaté la relation entre Frigg et les deux frères d'Odin.

Vithrir : un autre nom d'Odin.

 

32* : Rien n'indique que les jumeaux Frey et Freyja aient eu une relation incestueuse.

 

34* : On ne sait rien sur les filles d'Hymir même si par là Loki signifie à Njord qu'il ne fait pas partie de la race des Dieux mais d'une classe inférieure.

 

35* : Le fils est ici Frey.

 

36* : Il serait bien attesté que Njord eu les jumeaux avec sa propre sœur.

 

39* : Hrothvitnir : Fenrir.

 

40* : On ne sait rien de la femme de Tyr ni de son fils.

 

41* : La bouche du fleuve représente ici la bave s'écoulant de la gueule de Fenrir alors enchaîné formant alors le fleuve Van.

 

42* : La fille de Gymir est Gerd – Les Fils de Muspell sont ici la cohorte de Géants menée par le Géant du Feu, Surt – Myrkwood : La forêt originelle échappant aux flammes du feu apocalyptique –

 

43* : Ingunar-Frey n'est usité qu'ici. On peut y voir peut-être la forme féminisée d'Ingun qui serait donc la femme de Njord et la mère de Frey. A moins que Ingw soit la racine de Frey (Fro) en Germain Ancien.

 

46* : On n'en sait pas plus sur la présumée lâcheté de Byygvir.

 

49* : Skadi est l'épouse de Njord et la fille du Géant Thjazi.

Les fils de Loki, Vali et Narfi ont pour mère Sygin.

 

52* : Laufey, la mère de Loki est parfois appelée Nal.

Rien n'indique que Loki ait eu une aventure Skadi.

 

54* : Hlorrithi est ici Thor – La cinquième ligne n'est pas sûr…

 

57* : La colline de cheveux est un Kenning pour la tête.

 

58* : Fils de la Terre : Expression amusante qui mêle le fait que les Dieux appartiennent aux Eléments mais aussi que la propre mère de Thor était Jord qui veut dire Terre !

Le Loup : Fenrir qui tuera Odin, ici Sigfather (Père de la victoire).

 

60* : Pour l'épisode du Gant voir le Harbarthsljot.

 

61* : Le tueur d'Hrungnir est un Kenning pour désigner le Marteau de Thor.

 

62* : Loki tentant ici de changer la conversation fait référence à une vieille aventure…

 

65* : Les Flammes Incandescentes symbolisent ici le Feu apocalyptique de la chute des mondes…

 

Texte de conclusion :

Snorri Sturluson donne des fins différentes à l'histoire et en trouve d'autres versions encore certaines plus abruptes sans mentionner les tremblements de terre.

Franang: "l'Eau Brillante."