Ce chapitre peut sembler paradoxal après
l'avant-propos mettant en garde contre l'utilisation grossière et
ésotérique des Runes.
Il est donc bon de rappeler le caractère sacré de ces
dernières.
Car, même après moult recommandations, il est
inévitable que certains lecteurs décident de graver et de tenter de
prédire leur avenir avec elles. Alors mieux vaut présenter ici leur
application partielle et en démontrer l'usage de ceux les employant
à leur origine.
Il ne s'agit pas non plus d'attester de méthodes
infaillibles devant conseiller et dicter la vie de chacun et celles
des autres. On peut s'initier soi-même à quelques "expériences" mais
jamais à l'encontre d'autres individus.
Dans notre langue courant il y a des mots qui
blessent, humilient et servent aux pires propagandes… les Runes ne
sont pas autrement, car elles sont les mots du Futhark. Nuls ne
devraient les graver sans raison ni foi, ce serait là un terrible
manque de respect.
Elles étaient le secret des Hommes et à ce titre,
bien souvent, on confiait leur puissance aux femmes initiées au
Seidr, l'ancienne magie runique.
Mais voici quelques éclairements pour les profanes :
Seidr: "Magie" :
Rituel de magie et d'oracles, à la fois
bénéfique et maléfique. Ce sont les Vanes qui firent connaître le
Seidr aux Ases par Freyja qui en ait la maîtresse. A savoir que les
légendes parlent de la féminisation qu'apportent le Seidr, même pour
les hommes !
Le Seidr et lié aux Esprits des Eléments, les
Vardlokur, auxquels il puise son pouvoir afin de les contrôler par
leurs invocations ou leurs conjurations.
Volvas: "Les
Voyantes" ou "Prophétesses"
C'était le nom donné aux femmes douées du
don de prophétie.
Leurs noms évoquent également, dans certaines
traductions, leurs rapports avec les "Baguettes", en fait les Runes
gravées sur le bois qu'elles employaient pour lire le Destin.
On retrouve la Volva évidemment dans la Völuspà
(texte prophétique que l'on trouve à la fin de cet ouvrage). Notons
également que leur savoir était transmis entre femmes ainsi que les
chants de pouvoirs qu'elles entonnaient lors de transes rituelles.
Tirage initiatique

Tirage le plus simple d'une unique Rune,
généralement pour répondre à une question
oui/non.
On peut s'en servir pour se familiariser avec
le Futhark.
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Après ces quelques précisions, pas inutiles, il est
indéniable que la pratique magique des Runes fait partie d'une
culture et d'une philosophie contextuelle.
On voit là toute la difficulté d'en appréhender le
domaine. Toutefois, avec de l'humilité, avec le respect des coutumes
anciennes, avec la foi aux forces naturelles et avec du temps,
peut-être… Peut-être que le brouillard nimbant de mystères les Runes
pourra quelque peu s'écarter.
Mais on n'invoque ni ne grave les Runes impunément,
et encore moins loue t'on leurs éclairements à nos questions et à
celles des autres. Ce n'est pas tant qu'il y ait à en craindre
quelques malédictions mais tout symbole a un sens et des effets sur
les esprits.
Ecrire ou brûler un livre, engager ou renier sa
parole, bénir ou maudire un lieu, ou même encore échanger des
anneaux, ne sont pas des actes sans conséquences. On connaît leur
portée. Pourquoi donc en serait-il autrement avec les Runes ?
Tirage des Nornes

Tacite, historien Romain, apporta le
témoignage de cette pratique. Les Volvas éparpillaient toutes
les Runes sur une toile blanche puis, fermant
les yeux et louant les forces élémentaires, en retiraient trois
qu'elles alignaient. La prédiction était influencée par la
majorité positive ou négative des trois Runes. Enfin, les trois
glyphes symbolisaient souvent le passé, le présent et l'avenir…
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Enfin, c'est à chacun de ressentir ce que peut lui
apporter les Runes, à lui et aux autres.
L'important est l'acte de foi ou de sincérité et le
souci d'écrire le Futhark ou de l'interpréter avec bon sens,
honnêteté et moralité. Nul ne peut s'octroyer le droit de dogmatiser
leurs usages car nul ne fera jamais autorité en la matière !
L'essentiel n'est pas la Rune en elle-même mais ce
qu'elle évoque à celui la consultant.
La magie et la divination ne se réclament d'aucune
école, ni d'aucune église même si elle se réclame de l'Asatru ou de
l'Odinisme. Les dieux n'existent que dans l'esprit des hommes et ils
meurent aussi si leurs fidèles ne les louent plus.
Par contre, les Eléments ne souffriront pas de
l'abandon des croyances à leur égard. Ils sont là tous les jours
pour rappeler aux hommes leurs omnipotences. Ils étaient là avant,
ils y seront après et cela est chose indiscutable et indéniable.
C'est pourquoi les Eglises et les communautés ne sont
pas la voie des Runes. C'est seul que l'on arpente son chemin et que
l'on y découvre les obstacles. La liberté n'autorise pas de penser
autrement que par soi-même.
Tirage de la Croix de Thor



Cette méthode est très souvent trouvé dans de
nombreux ouvrages. Elle n'est qu'un exemple parmi d'autres mais
semble plus cohérente que la plupart. Les trois Runes du centre
horizontal reprennent en fait le tirage des Nornes. La
différence est que celle du haut de la croix représentait les
forces alliées ou ennemies suivant le sens de la glyphe. Et la
cinquième Rune en bas de la croix était celle qui annonçait la
réponse à la question car sous l'influence du Wyrd.
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Fort de ces quelques recommandations, chacun peut de
façon ludique, pragmatique ou plus spirituelle rentrer en contact
avec la présence des Runes.
Choisir l'une d'elle plutôt qu'une autre n'est pas un
acte fortuit. Le Destin a agit ! Le secret du Seidr est en son sein
et son pouvoir a enchanté cette manifestation du Wyrd.
Cela peut sembler simpliste mais ce sont ces choses
simples qu'on appelle magie. Notre inconscient a un langage que les
Runes traduisent en symbole. Ainsi le Futhark n'est donc pas une
méthode de divination, loin de là.
Les Runes sont un langage, nous l'avons maintes fois
précisé et il nous faut donc tenter de retranscrire sa teneur et ce
qu'il nous signifie.
"Apprendre à les chanter, Loddfafnir,
Te prendra beaucoup de temps
Mais elles te seront secourables si tu les
comprends,
Utiles si tu t'en sers,
Nécessaires si tu en as besoin."
Havamal V 162
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