"En préambule, rappelons que l'évocation de
l'Elémentalisme est ici une vision poétique, romancée et fictive
d'une possible culture propre aux Runes (ce qui n'est pas exactement
attesté en tant que tel bien que des individus les aient intégré à
leur existence).
Ce terme est personnel et tente de définir une sorte
de syncrétisme reliant entre-eux les différents peuples ayant loués
les Eléments et leurs forces naturelles. On aurait pu évoquer le
shamanisme, le paganisme et plus encore le naturalisme… mais
pourquoi ne pas créer un mot définissant en même temps une
philosophie et une spiritualité runique ?"
Il faut en fait avoir à l'esprit que les premiers hommes civilisés
ne vivaient non pas dans le souci de supplanter la nature mais
plutôt de faire partie d'elle et de son cycle.
On peut en déduire que, se nourrissants des fruits de la terre et y
retournant une fois dépéris, les premières croyances et les premiers
rites furent consacrés au soleil, à la lune, à l'eau, à la terre, au
feu, aux vents, aux nuages, aux orages et à toutes les autres
manifestations de la nature créatrice. C'est ce que nous nommerons
comme Eléments.
Les Hommes redoutaient certainement leurs colères et ils leur
fallaient comprendre leurs causes et leurs effets.
C'est peut-être ainsi que les Déesses et les Dieux naquirent à
l'esprit de l'humanité. Ils seraient l'incarnation de la
phénoménologie de la Terre-Mére. Les forêts furent dotées d'esprits
protecteurs du refuge, la foudre d'autres colériques, les airs de
ceux hurlant ou hululant, les arbres et les pierres de ceux
assoupis, etc… . La spiritualité était née !

Mais la vie et la mort étaient déjà deux principes permanents à la
conscience de ses premiers peuples. Et si la terre leur en faisait
don puis parfois leur retirait, ils en étaient donc, eux aussi, les
agrégats comme toutes les choses et les êtres les entourant.
Mais comment savoir ce que l'on ne pouvait contrôler ? A cette
question existentialiste, ils répondirent par une philosophie, le
Destin.
Le Destin n'était pourtant pas là une fatalité ni le symbole de
leurs méconnaissances, au contraire. Imprévisible et aux desseins
sibyllins pour les hommes, il était source d'humilité et de sagesse
pour leur vie.
Il ne fallait pas tenter de lui résister tout comme il était inutile
de penser contrôler un jour la puissance des Eléments, le contraire
n'amenant qu'à sa propre perte. Mais la foi en ces entités ne devait
pas en faire leurs esclaves.

Ainsi ils se mirent en quête des secrets de leurs apparitions et de
leurs influences. Et pour reconnaître leurs signes, il leur fallut
les symboliser dans leur vie quotidienne. Il fallait marquer leurs
passages, honorer leurs présences, invoquer leurs mansuétudes ou
leurs colères, s'en aider pour les cultures, pour les semailles,
pour la guerre, la mort et la vie…
On peut ainsi imaginer la création des Runes. Signes enchantées et
sacrées, ces glyphes accompagneraient désormais la marche de ces
peuples comme symboles de leur culture. Mais qui les graveraient
avec justesse ?
Qui les peindraient avec éclat ? Qui les invoqueraient avec bonté ?
Qui surtout les enseigneraient avec sagesse ?
Chacune d'entre-elles fut donc tracée dans des formes énigmatiques
que seuls les initiés pourraient comprendre et transmettre aux plus
sages et aux seuls Elémentalistes. Ce ne fut là pas par désir de
pouvoir ou d'orgueil, bien au contraire… mais les premiers graveurs
de Runes présagèrent des menaces à venir de la part d'autres hommes.
Les cœurs n'étaient pas tous purs, honnêtes et loyaux ou du moins
pas encore.

Mais un jour ils pressentirent qu'ils le deviendraient, alors ce
jour, oui ceux-là même retrouveraient les tablettes d'or sur
lesquelles les sages gravèrent le sens originel des Runes avant de
les confier à la Terre…
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